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2013, fin du cycle baissier?

Entreprises mai 2014

2013, fin du cycle baissier?

A la fin de cette année, la Bourse clôture sur -2,65% de baisse. Pas trop catastrophique. Pour 2014, les analyses projettent une croissance de 5 à 10%. Le début de l’année semble leur donner raison.

Un cinquième anniversaire qui n’a rien d’heureux pour la Bourse de Casablanca. C’est en effet la cinquième fois consécutive (hormis le sursaut d’orgueil de 2010) que celle-ci clôture en baisse depuis 2008. En cadeau, elle se voit déclasser par le Morgan Stanley Capital International dans le «Frontier Markets» au lieu de la catégorie au-dessus des «Emerging Markets». En effet, en 2013, l’indice phare de la place, le Masi, perd 2,65%, à 9.114,14 points, moins spectaculaire néanmoins que les -15% de 2012. Mais la baisse aurait pu être plus grave si ce n’est les publications semestrielles plutôt bien accueillies par le marché. Car à fin août l’indice accusait une baisse de -10%! Une tendance que l’on retrouve au niveau des résultats des sociétés cotées. Ainsi, la  marge bénéficiaire brute s’est établie à 25,7 milliards de dirhams, en baisse de -6,7%. Une chute à laquelle certaines grosses capitalisations ne sont pas étrangères comme Ittissalat Al Maghrib qui subit un redressement fiscal d’1 milliard de dirhams! Ce qui a contribué à réduire de 17% le RNPG, à 5,5 milliards. De son côté, Samir a vu son résultat net part groupe passer dans le rouge à -327 millions de dirhams, contre un excédent de 164 millions de dirhams en 2012, soit une dégringolade de -300%. Une situation due à la hausse des importations de produits pétroliers de la part des opérateurs locaux et aux faibles marges de raffinage dans le monde. Mais le management du pétrolier préfère communiquer des chiffres moins alarmants: un bénéfice de 320 millions de dirhams. Néanmoins, il ne s’agit que du résultat social aux normes marocaines alors qu’en bourse ce sont les normes IFRS qui sont de mise. Addoha et Alliances ont aussi connu une année délicate. Leurs RNPG respectifs ont baissé de 6,5%, à 1,7 milliard de dirhams, et de 33,7%, à 580,3 millions de dirhams. Pour la première, la contreperformance est due à la stagnation de son CA et à la baisse de 9,6% de son résultat d’exploitation, à 2,2 milliards de dirhams. Quant à Alliances, son RNPG 2012 était dopé par de la plus-value réalisée en 2012 sur la cession de 6,97% du capital d’Alliances Darna. Dans ce sens, l’année 2013 a ponctué un simple retour à la normale. L’agroalimentaire n’est pas en reste, Centrale Laitière a vu son RNPG reculer de -15,5%, à 220,5 millions de dirhams, à cause du renchérissement du prix de ses intrants, notamment le lait cru et la poudre de lait. Tandis que pour Brasseries du Maroc le RNPG s’est contracté de -18,3% à cause d’une baisse de ses ventes de 6% et une baisse de 14,3% du résultat d’exploitation.

«Nous prévoyons un redressement progressif de la conjoncture en 2014»

Méforme généralisée
Une méforme généralisée imputable au contexte difficile dans lequel ont évolué les entreprises durant l’année précédente. «En effet, la crise chez nos principaux partenaires économiques et les surcapacités industrielles en Europe exercent des pressions sur certains secteurs marocains et impactent la croissance des activités non-agricoles», déclare un analyste sous couvert d’anonymat. Sans oublier que l’Etat, premier client des entreprises, a coupé sans préavis 15 milliards dans son budget d’investissement en début d’année, ce qui a indubitablement réduit la demande intérieure, induit moins de business pour les entreprises et est venu enfoncer un moral déjà dans les bottes. La logique d’austérité de l’Etat a d’ailleurs été pour beaucoup dans l’alourdissement des besoins en fonds de roulement des entreprises dû notamment à l’allongement des délais de remboursement des clients. «Par relation de cause à effet, cela a haussé le coût du risque des banques qui ont vu les créances en souffrance croître de 25%, à 44 milliards de dirhams», poursuit le même analyste. D’ailleurs, c’est l’activité africaine des banques marocaines qui leur a permis de faire face à la hausse des créances en souffrance (voir article l’Afrique pèse de plus en plus lourd, du numéro précédent). Si 2013 fut une année difficile, 2014 devrait être placée sous le signe de la transition. Après le succès de l’introduction de JLEC en bourse dans les derniers instants de 2013, qui avait rencontré une demande supérieure de 670% à l’offre, l’année en cours semble s’inscrire dans la continuité et un nouveau cycle d’IPO pourrait démarrer. Ainsi, la cession de Cosumar par la SNI, peut-être pas la dernière de l’année, combinée à l’introduction de Marsa Maroc pressentie en septembre, donnera de la matière à un marché en soif de nouvelles histoires à suivre. «Nous prévoyons un redressement progressif de la conjoncture en cours de l’année. L’impact positif de cette reprise économique devrait se matérialiser de manière plus marquée au cours de la deuxième moitié de l’année. La baisse des taux des bons du Trésor, qui n’a pas encore été intégrée, jouera aussi en faveur du marché. Depuis le début de l’année, le bon du Trésor à 10 ans a baissé de 88 points de base grâce à l’amélioration des finances publiques et de la balance des paiements, ce qui aurait dû induire une hausse des cours de près de 16% selon nos estimations», s’enthousiasme Karim Gharbi, directeur de la recherche à CFG. «Pour l’année 2014, nous tablons sur une hausse du marché de près de 10%, tandis que la marge bénéficiaire devrait progresser de 6%» projette-t-il. Au premier trimestre, le marché a donné raison aux optimistes avec une hausse de 4,44% du Masi.

Elles se distinguent

L’ambiance visiblement morose de 2013 n’a pas empêché plusieurs entreprises cotées de performer. C’est le cas notamment de Managem qui a vu son RNPG augmenter de 49% pour atteindre 718 millions de dirhams, malgré la baisse des cours des métaux qui a été compensée par une hausse des volumes. Il en est de même pour Ciments du Maroc et Lafarge, dont le RNPG a progressé respectivement de 23,2%, à 808 MDH, et de 10,6%, à 1397 MDH, grâce à l’effet combiné de la baisse du prix de ses intrants et une hausse du prix de vente du ciment, malgré la baisse des volumes de ventes. Quant aux éléments non récurrents, Karim Gharbi, directeur de la recherche à CFG, précise qu’«en retraitant la marge bénéficiaire brute des résultats exceptionnels, la masse bénéficiaire ne régresse que de -1,3%, quasiment en ligne avec nos prévisions». Et on retrouve justement le niveau de baisse de la bourse autour de 2%.