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Cosumar convoite l’Afrique

Entreprises mars 2014

Cosumar convoite l’Afrique

C’est une ambition qui coïncide avec celle de Wilmar, le nouveau commandant de bord. Au Maroc, la priorité est donnée au renforcement de l’amont agricole.

Après avoir vendu 27,5% du capital de Cosumar au profit du groupe asiatique Wilmar, en avril 2013, la SNI a cédé, le mois dernier, un bloc de 1.027.490 actions supplémentaires. Au lendemain de cette cession, SNI ne détenait plus que 11,71% de Cosumar. Entre temps, 2,6% ont été écoulés en flottant. Aujourd’hui, le holding royal ne possède pas plus de 9,11% du sucrier national. «La SNI ne détiendrait pas pour longtemps ce pourcentage, parce que le holding compte se défaire de la totalité de sa participation dans cette ancienne filiale, comme elle a fait précédemment avec Lesieur et Centrale Laitière», nous assure un analyste boursier.
Avec ce retrait massif du holding marocain, on aurait pu d’ailleurs s’attendre à ce que Wilmar Sugar Holding se renforce dans le capital de la société. Mais ce n’est pas le cas! SNI a opéré autrement en cédant à des institutionnels marocains en plus d’un gestionnaire de fonds sud-africain, un bloc de 24,5% du capital de Cosumar au prix de 1.900 dirhams l’action pour un montant de 1,95 milliard de dirhams. Certains, qui étaient déjà dans le tour de table de Cosumar, s’y sont renforcés, comme CIMR, Wafa Assurance, MAMDA, MCMA et CMR. D’autres ont suivi l’offre, comme Axa Assurance Maroc, CNIA Saada Assurance, RMA Watanya, Société centrale de réassurance (SCR), RCAR, Wafa Gestion, CFG Group. Les entreprises constituant le tour de table de Cosumar sont aujourd’hui pratiquement toutes des compagnies d’assurances et des caisses de retraite de la place.
Une telle  formule comporte l’avantage de garder une certaine souveraineté marocaine sur une denrée stratégique, telle que le sucre. Ce qui n’a pas été le cas pour le lait ou l’huile au moment de la cession de Centrale Laitière et Lesieur. Pour Mohammed Fikrat, président-directeur général de Cosumar, «l’intérêt de la présence de ces institutionnels dans le tour de table réside dans le fait que ces derniers peuvent nous accompagner dans notre développement à long terme».
Côté Bourse, «le comportement de l’action suit parfaitement les fondamentaux de Cosumar. Il y a eu toujours une croissance sur le long terme, qui se base sur une réputation qui s’est renforcée avec le modèle économique de l’entreprise», explique Fikrat. En effet, c’est une valeur assez prisée par les boursicoteurs; elle est souvent achetée par ces derniers pour être conservée, «d’où le fait qu’elle ne soit pas assez liquide», insiste de son côté un analyste.

Le développement de Cosumar en Afrique coïncide avec les ambitions de Wilmar qui mise sur le continent

Amont agricole, le chantier continu
En tout cas, Cosumar a investi plus de 5,5 milliards de dirhams depuis six ans au niveau de l’amont agricole et de l’outil industriel en termes de modernisation et de mise à niveau des capacités. C’est ce qui explique la solidité de ses fondamentaux. Ainsi, ces investissements massifs ont permis à l’entreprise d’assurer l’approvisionnement régulier du marché local en sucre, malgré la baisse de la production nationale à partir des plantes sucrières locales, due  aux aléas climatiques enregistrés ces  quatre dernières années. D’ailleurs, 60% des matières premières de Cosumar proviennent de l’importation du sucre brut en provenance du Brésil, les 40% restants sont fournis par la production nationale de betterave et de canne à sucre. Par ailleurs, le sucrier, qui dispose aujourd’hui d’une capacité de production de 1,65 million de tonnes de sucre blanc, dépassant les besoins actuels du marché, promet d’accompagner le développement de la filière sucrière nationale. Cela «notamment par le soutien des agriculteurs sinistrés à cause des aléas climatiques en collaboration avec les associations des producteurs de plantes sucrières et les pouvoirs publics», explique Fikrat. D’un autre côté, «l’adoption de nouvelles technologies en matière de développement de la semence mono-germe et de la mécanisation de toute la conduite technique des cultures sucrières constitue les principaux leviers d’amélioration des performances de l’amont agricole et de l’accroissement des revenus des agriculteurs».
Cosumar veille également à couvrir les besoins croissants du marché national en sucre (+1,8%/an) en poursuivant en tant qu’agrégateur l’accompagnement de 80.000 agriculteurs-producteurs de plantes sucrières (betterave et canne à sucre). «Nous sommes l’un des plus grands agrégateurs nationaux auprès des petites exploitations. Nous les accompagnons pour améliorer leur capacité de production ainsi que leurs revenus», assure Fikrat. D’ailleurs, poursuit-il, «Cosumar fait partie des rares groupes dans le monde à être présents dans les trois types d’activités de sucre naturel, betteraves, canne à sucre et raffinage. Et il est présent dans cinq régions dans le Royaume. Cela lui donne une certaine résilience qui permet, à tout moment, l’approvisionnement du marché national. Toutes ces orientations ouvrent de nouveaux horizons pour la société, qui bénéficiera à la fois de l’expertise d’un opérateur métier leader et du soutien des actionnaires marocains».

L’Afrique visée
Ainsi, avec l’arrivée de Wilmar dans le tour de table de Cosumar, rien ne semble arrêter les ambitions de l’entreprise en Afrique où le déficit en production sucrière est estimé à six millions de tonnes par an. Ce qui laisse présager un important potentiel d’expansion sur ce marché, où déjà un projet de développement intégré au Soudan est sur la bonne voie. «Nous comptons continuer à mener nos projets, notamment en Afrique, car cela coïncide avec les propres ambitions de Wilmar», lance Fikrat. Rappelons que Wilmar est déjà présent dans les filières agroalimentaires de plusieurs pays africains, comme le Ghana, le Nigeria et la Côte d’Ivoire. A ce jour, des projets de développement sont en cours de concrétisation par le groupe, qui est en train de multiplier ses relais de croissance tout en engageant des investissements colossaux pour la modernisation de l’outil industriel.

Résultats positifs en perspective

Cosumar table sur de meilleures perspectives de résultats pour l’année 2013. Cela bien qu’à fin juin 2013, le groupe ait réalisé un chiffre d’affaires de 2,3 milliards de dirhams, en baisse de 1,4% par rapport à la même période de 2012. Cela en raison d’une baisse du marché au premier trimestre, suite principalement à un manque de liquidité chez les grossistes, induisant une réduction de leurs stocks. Le deuxième trimestre a, pour sa part, été marqué par une progression des ventes. Le résultat d’exploitation courant s’est élevé à 465 millions de dirhams, contre 456 millions à fin juin 2012, soit une progression de 2%. L’incidence positive de l’amélioration des performances agronomiques et industrielles a été résorbée par la hausse des prix des produits énergétiques. Le résultat net part du Groupe s’est établi à 289 millions de dirhams à fin juin contre 260 à la même période de 2012.