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Daech, une fatalité ?

Édito mars 2015

Daech, une fatalité ?

Le Maroc est désormais dans le collimateur de Daech. Cette organisation, dite islamique, fait peur. Pas tant pour la terreur qu’elle s’efforce à diffuser à coups de vidéos meurtrières à la cruauté dépassant les capacités descriptives de la langue. Mais surtout par ses victoires sur le terrain face à des armées régulières, appartenant à des Etats, elle, le petit groupuscule sorti de nulle part!
Le cas Daech n’est pas nouveau dans l’Histoire de l’Humanité. Des théoriciens de la chose politique, un certain Ibn Khaldoun, notamment, relatent que les cités sont souvent confisquées puis guidées par des groupes d’extrémistes, de puritains, voire de barbares. Les exemples ne manquent pas. Les Mongols, des paysans d’Asie de l’Est sans civilisation connue, ont fait tomber Bagdad, alors capitale du Monde. Ils se sont arrangés pour en détruire toute manifestation de développement jetant, au passage, les livres de sa bibliothèque légendaire dans les eux de l’Euphrate.
Comme les Daech, les Mongols, conduits par un certain Gengis Khan, semaient la terreur là où ils passaient. Les Américains, peuple formé de rejetés de la société européenne du 17ème siècle, ont eu le dessus sur les armées de His Majesty, etc. Au Maroc, la majorité des dynasties régnantes sont parties de petits patelins reculés pour conquérir le centre. Elles sont souvent animées par le même idéal: réformer la religion. Quand les rapports de force basculeront du côté Nord de la Méditerranée, un deuxième crédo s’ajoutera: combattre le colon chrétien mécréant. L’Histoire nous apprend aussi qu’après la confiscation du pouvoir, l’extrémisme et la barbarie se transforment, par la magie du maillage, en civilisation. C’est ainsi que l’Humanité a pu avoir l’Andalousie des Almohades avec la tolérance et l’ouverture d’esprit exceptionnelles l’ayant marquée ou encore la splendeur actuelle des Etats-Unis, bien que ces deniers soient encore dans une logique guerrière.
Daech, une fatalité? J’espère de tout mon cœur que non. Mais il serait en revanche suicidaire de prendre cette menace à la légère. Si Ibn Khaldoun & Co’, Machiavel entre autres, nous renseignent sur le processus de constitution et chute des Etats, ils sont, en revanche, peu bavards quant à la conservation du pouvoir. Comment éviter le pire? Cela se saurait si une quelconque formule pratique existait. Cela dit, étant donné que la préservation du socle social est un travail de tous les jours, l’évidence voudrait qu’il faille persister sur la voie de la réforme, de la démocratie et de la modernisation de façon à rendre les masses intégralement partie prenante du processus de gouvernance. Avec cela, les Européens ont vu la mortalité de leurs Etats diminuer significativement. En France, on change de Constitution mais pas de modèle, depuis plus de deux siècles. Idem en Grande Bretagne, aux USA, etc. A cela, il faut ajouter une meilleure création des richesses, une meilleure valorisation de l’individu et de l’utilité de son effort, une meilleure justice, sociale notamment, etc. Cela sachant que l’Histoire a sa propre logique. Espérons qu’elle sera du bon côté.