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Et si Trump était la réponse à un monde qui cherche un juste modèle

Point de vue février 2017

Et si Trump était la réponse à un monde qui cherche un juste modèle

Le 20 janvier, le discours inaugural du nouveau Président américain était à l’image d’un match de boxe entre d’un côté le «challenger» Donald Trump et de l’autre l’élite financière et économique du monde occidental. Et la grande nouveauté est que ce discours donne le ton de son mandat.
Trump a mené sa campagne en prenant de front son propre parti mais aussi l’establishment américain tout entier, au point que personne ne donnait cher de sa tête. Mais l’élément qui a fait basculer l’Amérique en sa faveur est son attaque ouverte contre la politique commerciale qui a fait perdre aux Etats-Unis des millions d’emplois en faveur de pays étrangers qui offrent une main-d’œuvre bon marché. Fort de son slogan «Make America Great Again» (littéralement «Rendre l’Amérique à nouveau grande»), aucun de ses opposants n’a trouvé les arguments pour contrecarrer sa volonté de venir en aide aux «hommes et femmes oubliés», aux délaissés de la mondialisation.
On peut être ou ne pas être d’accord avec son style et sa manière d’aborder les dossiers chauds, mais Donald Trump a le mérite de faire ce qu’il dit. Dans le monde de la politique, ça c’est une qualité rarissime.
Dès son premier jour à la Maison Blanche il a démontré qu’il tenait parole. Il a ratifié un décret entérinant le retrait des Etats-Unis du traité de libre-échange trans-pacifique. Cet accord signé en février 2016 avec onze autres pays n’était pas encore entré en vigueur et attendait l’aval du Congrès.
Il a également exprimé son souhait de renégocier l’accord de libre-échange entré en vigueur en 1994, entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada et de construir un mur avec son voisin du Sud.
Si Trump est là où il est, c’est grâce à son ravage politique dans les Etats dits du «Rust Belt» (ceinture de la rouille) et qui comprend le Michigan, Iowa et Wisconsin. Ces Etats qui ont vu la perte de quelques centaines de milliers d’emplois et la fermeture de centaines d’usines dans le secteur automobile et l’industrie lourde, reflète le malaise de l’autre Amérique, celle victime de la mondialisation.
Le pays qui a donné naissance au capitalisme et à la mondialisation est en train d’amorcer un tournant majeur dans sa politique économique, et nous Marocains devrons rester vigilants sur ce qui se passe aux Etats-Unis.
Tout d’abord parce que notre pays a signé des accords de libre-échanges avec 55 pays étrangers, dont la plupart des puissances industrielles. Ce qui a provoqué une désindustrialisation de notre économie. Aujourd’hui, il suffit de lire l’origine des produits que vous achetez au super marché pour comprendre l’ampleur des dégâts sur notre industrie.
Par ailleurs, notre proximité à l’Europe a fait de nous une destination relativement prisée pour les investissements industriels, mais qui risque de connaître un net ralentissement dans les années à venir, vu les relents protectionniste qui animent les débats électoraux en Europe.
Aujourd’hui, un peu partout dans le monde, les politiques sont conscients de l’impact de la mondialisation sur leurs économies. Les plus crus comme Trump en font un argument de campagne. C’est aussi ainsi qu’il faut lire le Brexit, ou encore le Grexit, qui concerne la sortie de la Grèce de la zone Euro.
Nous sommes donc face à une montée en puissance d’un protectionnisme qui remet en question les principes mêmes de la globalisation. Si Trump ne commet pas d’impairs dans son parcours, il a toutes les chances de relancer l’économie américaine par un protectionnisme assumé, avec tout l’impact qu’il aura sur l’Europe et ses alliés.