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L’HYPOCRISIE FORMELLE

Enquête Point de vue décembre 2016

L’HYPOCRISIE FORMELLE

Chacun d’entre nous a déjà fait travailler quelqu’un au black. Une femme de ménage, un maçon, un plombier, un peintre… ou encore a acheté des biens sans facture de Derb Ghellef ou ailleurs. Très rares se sont plaints de la rémunération qu’ils ont versée. Au contraire, ah l’aubaine! Et souvent, pour se don- ner bonne conscience, on pense sincèrement que l’on peut aider de la sorte des travailleurs ou des ven- deurs à la sauvette. Autant dire que tout le monde y trouve son compte. C’est à se demander si quelqu’un veut vraiment combattre l’informel. Il est vrai que, dans ce secteur, un dumping fiscal et social se pratique. C’est vrai aussi que les travailleurs du secteur n’ont aucune couverture sociale ou autre filet de protection à part leur force de travail et passa- blement la solidarité familiale quand ce n’est pas eux qui sont LE soutien familial, le secteur contribuant de fait à maintenir le niveau de vie
du Marocain moyen. Les autorités qui tolèrent contre bakchich ce phénomène tout en lançant de temps en temps des campagnes d’assainissement en tentant de le juguler par la force de la matraque. Si chacun des 2,4 millions de Marocains travaillant dans l’informel verse ne serait-ce que 10 DH de bakchich par jour, cela en fait 24 millions de DH par jour, soit 8,760 milliards par an. C’est à se deman- der d’ailleurs où va tout cet argent. Une hypocrisie bien formelle celle-là. La lutte contre l’informel gagnerait peut-être à y regarder de plus près. Elle passerait aussi par des normes juridiques, sociales et fiscales plus équitables et surtout prenant en compte la réalité de notre économie en nuances de gris. Elle passerait aussi par une école plus équitable et inclusive et plus d’égalité des chances face aux opportunités pour mieux s’attaquer aux racines du problème…